Quand Joffre décide, fin 1915, de
lancer avec les Britanniques une grande offensive dans la Somme, il ne sait
pas que le général allemand Falkenhayn va les devancer.
Celui-ci cherche un objectif symbolique pour « saigner à
blanc » l’armée française et déstabiliser la nation, ce sera Verdun.
La ville fortifiée est entourée d’un vaste réseau défensif de forts
Séré de Rivière se couvrant les uns les autres.
Depuis septembre 1914, les Allemands sont enterrés à l’est, au nord
et à l’ouest de la citadelle. Leurs positions menaçant la ville, Falkenhayn
calcule que les Français perdront beaucoup d’hommes pour garder leur place
forte. Pourtant, l’état-major français croit peu à une attaque à cet
endroit et désarme même certains forts. Mais, déjà en 1915, le général
Chrétien, le lieutenant-colonel Driant, avaient alerté le gouvernement sur
le délabrement des positions françaises. Quand Castelnau donne l’ordre de
renforcer les ouvrages défensifs, il est trop tard.
Après avoir acheminé pendant des semaines, des trains chargés de
matériel, l’offensive allemande, menée par le Kronprinz impérial en
personne, est prête à se déclencher sur la rive droite de la Meuse.
Le 21 février 1916, à 7h15,les milliers
d’obus du « trommelfeuer » s’abattent
sur un front de 10 kilomètres, tenu par les positions françaises au nord de
la ville. Ce bombardement titanesque(un obus
toutes les trois secondes) va durer dix heures. A 16h, les troupes
allemandes munies de lance-flammes, avancent. Mais les Français qu’on
croyait anéantis par le bombardement, se relèvent et se battent.
Au Bois des Caures, Driant et ses chasseurs résistent jusqu’au 22
au soir, le lieutenant-colonel y est tué. Les Allemands prennent l’Herlebois, les Bois de Wavrille,
Fosses, Caurières, les villages d’Ornes et Haumont, et arrivent le 25 devant Douaumont. Les
Brandebourgeois prennent le fort désarmé sans tirer un seul coup de feu.
Les tentatives françaises menées dès le lendemain pour le reprendre
échouent.
Joffre demande à Pétain de redresser la situation. Il crée une ligne
de résistance à l’est de la Meuse,
fait réarmer les forts, fait venir les as de la chasse aérienne,
renforce les positions de la rive gauche, procède à la relève des unités
combattantes, et aménage la (Voie sacrée »-route Bar le Duc-
Verdun) pour acheminer chaque semaine, 90 000 hommes et 40 000 tonnes de
matériel.
Fin février, l’assaut est stabilisé
sur la rive droite de la Meuse mais le village de Douaumont est pris. En
mars, Falkenhayn lance de nouvelles divisions sur la rive gauche. Les Allemands s’accrochent sur les
pentes du Mort-Homme pilonnées par les batteries françaises de la cote
304.Les troupe du Kronprinz ne peuvent s’emparer des sommets. On se bat de
part et d’autre de la Meuse avec une violence inouïe(
Bois d’Avocourt, des Corbeaux, Cumières, de la Caillette). Pour les soldats des deux
camps, la bataille est « l’enfer de Verdun ».
Le 9 avril, une autre offensive allemande sur les deux rives de la
Meuse est une nouvelle fois contenue. Les pertes allemandes sont
considérables elles aussi. Le Kronprinz veut dégager son armée épuisée,
mais Falkenhayn tout comme Joffre ne renonce pas. La bataille se poursuit.
Pétain demande des hommes et du matériel supplémentaire, ce qui
agace Joffre qui le remplace par Nivelle.
En mai, les combats reprennent entre Douaumont et Vaux. Une première
tentative menée par Mangin pour reprendre Douaumont échoue, 2000 hommes
sont faits prisonniers, tandis que 10 000 sont déjà morts pour garder la
cote 304.
Le 1er juin, l’artillerie allemande pilonne le Fort de
Vaux, le commandant Raynal et ses hommes sont isolés et subissent les
grenades, les gaz asphyxiants, le manque de vivres et d’eau dans la chaleur
torride. Le 7 juin au matin, la garnison se rend.
Le 20 juin Falkenhayn donne un assaut qu’il veut final, en attaquant
le dernier rempart devant Verdun, la crête Douaumont-Thiaumont-Froideterre. Les Allemands attaquent sous un enfer de
feu mais sont repoussés.
L’offensive du 1er juillet 1916 dans la Somme oblige
Falkenhayn à enlever des troupes et de l’artillerie. Après une ultime
attaque le 11 juillet, les troupes du Kaiser se brisent sur le fort de Souville défendu par une poignée de Français.
En août 1916, Mangin et ses
troupes coloniales reprennent la crête de Fleury à Thiaumont
et fait 1000 prisonniers. Falkenhayn est remplacé par Hindenburg et
Ludendorff qui décident d’arrêter l’offensive.
Le 25 août, Mangin reprend Douaumont, le 3 novembre, c’est au tour
du Fort de Vaux, et progressivement les autres positions seront récupérées.
Le Mort-Homme est reconquis en août 1917 et la ville de Verdun est
définitivement dégagée par l’offensive américaine de 1918.
Cette bataille aura coûté en 10 mois, 700 000 victimes françaises et
allemandes, dont
320 000 morts sur un front de dix
kilomètres.
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