22 février 1916
3 heures –
Les Compagnies
du 56e Btn de chasseurs sont réparties
ainsi qu’il suit :
½ section en
renfort à R3
½ section
occupe des éléments de tranchée à R2 et R3
½ Cie à la
disposition du Cdt de la GG III
½ Cie à la GG
III
1 section en
renfort à R2
1 section aux
abris à R3
Bombardement
long et continu durant toute la nuit.
5 heures –
Une ½ section
de la 7e Cie du 59e Btn,
qui s’était repliée de S9, tente de contre-attaquer S9 à la grenade, par le
boyau R2 (GG IV) ; mais sans résultat, le boyau étant pris d’enfilade
par une mitrailleuse ennemie.
7 heures –
Le
bombardement reprend avec plus d’intensité que la veille, écrasant boyaux
et tranchées-abris.
12 heures –
Le
bombardement cesse ; de grosses masses ennemies, très denses, se
profilent sur la crête 330, se dirigeant vers le bois d’Haumont.
38 fusées
rouges sont envoyées, en vain, pour déclencher le barrage ; aucune
réponse n’est faite aux signaux d’optique envoyés du poste A, l’artillerie
chargée de faire les barrages étant neutralisée.
L’ennemi ne se
dirige pas franchement vers le bois des Caures ;
mais il l’aborde à hauteur de R3, se glissant en lisière. Les hommes se
rassemblent dans les entonnoirs formés par les trous d’obus et semblent
former trois colonnes : l’une ayant pour objectif un intervalle entre
R3 et R4 ; l’autre l’intervalle entre R2 et R3, et la 3e se
dirigeant vers S’9, S9, le ravin de la Vaux-Hardelle,
prenant ainsi les GG à revers.
Cette colonne
semble s’être fondue avec une colonne ayant franchi nos lignes vers le
poste 7, et s’est dirigée ensuite sur l’intervalle séparant R1 de R2, pour
de là gagner la route de Ville. Les forces assaillantes croissent
rapidement.
La colonne
ayant pour objectif l’intervalle entre R3 et R4 se trouve prise sous un feu
de mousqueterie et de mitrailleuses très intense mais ne peut progresser.
La colonne
ayant pour objectif l’intervalle entre R2 et R3 prise également sous le feu
des mitrailleuses de R3 d’un coté, et sous le feu
d’une mitrailleuse, placée au cours de la nuit en R2, à la demande du
commandant de la 8e Compagnie pour flanquer la tranchée,
progresse difficilement en utilisant les trous d’obus ; elle subit des
pertes très élevées du fait des tirs d’infanterie de la tranchée R2 et du
feu des mitrailleuses. Arrivés au réseau les hommes de cette colonne se
regroupent dans les trous d’obus ; certains d’entre eux munis de flammenwerfer dirigent le jet de leurs appareils sur le
réseau qui fond et sur le barrage qui s’enflamme (La même manœuvre a été
effectuée par la colonne qui a franchi la croupe R1, R2)
13 heures –
Quelques
éléments ennemis franchissent le barrage de la ligne des R et bousculent la
½ section du 56e Btn de Chasseurs,
placée dans le nouvel élément de tranchée ; cette fraction se replie
sur la tranchée R2. Le Lieutenant Commandant la 8e Cie dispose
immédiatement cette fraction dans les trous d’obus en arrière et à gauche,
de façon à l’empêcher d’être pris à revers.
13 heures 30 –
L’ennemi ne
rencontrant aucune résistance de front sur le point où il s’était porté,
réussi à pousser malgré les feux de mitrailleuses de flanquement ; des
fractions ennemies empêchent la liaison entre R2 et R3, et bientôt, prenant
à revers l’élément gauche de R2 (tranchée du cimetière) rendent les
positions intenables.
14 heures –
Le Lieutenant
Commandant la 8e Cie se replie dans la tranchée voisine,
garnissant le boyau de tireurs avec les 2 forces ; il rend compte de
la situation au Commandant, lui demandant de faire une contre-attaque
derrière lui, tandis que de son coté, il contre attaquerait la tranchée
abandonnée.
14 heures 20 –
Une Cie du 165e
R.I. (Cne Very) envoyée
à cet effet progresse légèrement dans une direction parallèle à la
tranchée, tandis que le Lieutenant Commandant la 8e Cie reprend
à la grenade l’élément abandonné en faisant prisonniers 8 allemands terrés
dans un trou d’obus (Prisonniers que par la suite, il n’a pu ramener)
A ce moment
une violente attaque, ayant pour axe la route de Flabas,
se déclenche vers R2. Les assaillants arrivent à flots pressés et, se
faisant faucher par les feux de mousqueterie et de mitrailleuses parvenant
de la tranchée R2 (abri bétonné et organisé) ne peuvent progresser.
Quelques instants après, un chasseur envoyé en liaison vers R3 annonce
qu’une forte colonne ennemie, ayant franchi la ligne des R, se dirige vers
Joli-Cœur.
En même temps,
une forte colonne allemande est signalée arrivant par la route de Ville,
rendant la situation des tranchées de R2 excessivement difficiles.
Rapidement, la mitrailleuse installée dans un abri, pour battre la route de
Ville, fauche une partie de la colonne ennemie, qui d’abord s’arrête, prise
également par les feux de l’Infie.
14 heures 40 –
Une section du
56e Btn (Lt Loiseau) se porte dans la tranchée établie
perpendiculairement et au-dessus des intersections des routes de Ville et
de Flabas (tranchée, qui éventuellement aurait dû
être occupée par des gens de la garnison de Beaumont)
Une autre
section du 59e Btn, formée d’agents de
liaison, sapeurs, téléphonistes (garnison du poste de commandement), sous
les ordres du S/lieutt Leroy, s’établit dans la
tranchée parallèle à la route de Flabas, en
soutien de la mitrailleuse battant la route de Ville.
15 heures –
L’ennemi
renouvelle sa tentative, soutenu par une pièce d’artillerie installée sur
la route de Ville, et qui au bout de quelques coups, démolit l’abri de
mitrailleuse et rend la situation très critique.
Pendant ce
temps, la section de mitrailleuse de R3, ayant épuisée ses cartouches, se
replie en emmenant ses 2 pièces au prix des plus grandes difficultés.
La situation
de R2 devient de plus en plus grave ; de grandes forces ennemies ayant
franchi la ligne des R et se portant à la lisière du bois, menacent
d’enserrer complètement les derniers défenseurs de la tranchée R2.
15 heures 15 –
A ce moment,
le Lieutenant-Colonel Driant, jugeant la situation désespérée, réunit en
conseil de guerre quelques officiers qui se trouvent près de lui. Il expose
la situation, constate que chacun fait son devoir, estime qu’il ne peut
plus arrêter l’ennemi et pose la question de savoir s’il vaut mieux périr
glorieusement mais sans profit, avec la poignée d’homme qui lui reste, ou
chercher à sauver quelques braves gens, qui, pour la suite, pourront être
utiles à leur Pays, et reprendre leur place dans le rang. Les avis sont
partagés ; à 15 heures 30, l’ordre de repli est donné, le Sous-Lieutenant
Leroy prévient le Capitaine Very du 165e
d’Infie de s’opposer à la marche des Allemands
arrivant par le ravin de Joli-Cœur, pour permettre aux survivants du
Bataillon de sortir du bois.
15 heures 40 –
Le
Lieutenant-colonel prend la tête d’une petite colonne, les 2 commandants
des deux Bataillons, chacun la tête d’une autre ; le Le Lieutenant Commandant la 8e Cie (Lt Simon) fait couvrir le repli par une ½ section, sous
les ordres du S/Lieutt Spitz.
A la sortie du
bois, les survivants qui tentent de se regrouper dans une tranchée située
sur la croupe, entre le bois de Ville et le bois de Wavrille,
sont pris d’enfilade par des feux de mitrailleuses venant de Joli-Cœur et
subissent de lourdes pertes.
Le Lieutenant
Commandant la 8e Cie donne l’ordre aux chasseurs de gagner
individuellement le village de Beaumont où ils se rassembleront, en
utilisant pour y arriver, les trous d’obus dont est semé le terrain.
15 heures 45 –
A ce moment,
le Lieutenant-Colonel Driant et le Commandant Renouard,
sont aperçus pour la dernière fois, se dirigeant sur Beaumont. Les
chasseurs prétendent les avoir vu peu après dans des trous d’obus.
La croupe
au Nord de Beaumont étant battue par les feux convergents de plusieurs
mitrailleuses tirant du bois de Ville et de la lisière du bois des Caures, 30 hommes à peine parviennent à Beaumont.
Le Lieutenant
Simon, arrivé vers 19 heures à Beaumont, rassemble les éléments survivants
du Bataillon, passe à Louvemont, au camp du
‘Clairon Rolland’ et au camp du ‘Capitaine Flamme’ où il passe la nuit.
Source : JMO du 59e B.C.P. http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/img-viewer/26_N_832_002/viewer.html
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