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VESTIGES 1914 1918

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Extrait du JMO du 56e B.C.P.

 

21 février 1916, début de la bataille de Verdun

 

6 heures 30 –

L’ennemi déclenche un violent bombardement sur toutes nos positions de première et 2e lignes, sur toutes les batteries de position, sur les routes, les carrefours et les cantonnements. Sur les premières lignes il n’emploie aucun obus asphyxiant mais en revanche presque tous ceux qui tombent au-delà sont lacrymogènes.

Ses intentions offensives sont manifestes ; les renseignements fournis depuis janvier par nos postes d’écoute (Mal des logis Michelet) par les déclarations des prisonniers et l’aménagement visible de larges ouvertures dans les réseaux (compte rendu du Capitaine Beroeille (?), le 17 février) indiquent nettement le but vers lequel l’effort allemand va tendre et quels formidables moyens il compte mettre en œuvre pour parvenir rapidement à ses fins.

 

7 heures 30 –

Le Capitaine Vincent, Commandant provisoirement le Bataillon, alerte les compagnies cantonnées au camp Rolland, au camp Flamme et à Vacherauville.

 

9 heures 30 –

Rassemblement terminé ; la 7e compagnie diminuée d’un détachement de travailleurs commandés par le Sous-Lieutenant Brouillard. Cet officier et 14 chasseurs seraient ensevelis dans leur abri écrasé par un obus de 305 au cours du bombardement du 21, 11 autres chasseurs de cette corvée seront également portés disparus à la fin de cette première journée.

Mesures préparatoires prises dans la matinée.

1° pour le renforcement rapide du 59e Btn aux avant-postes (coupures dans les réseaux, aménagement des passages, reconnaissance des itinéraires, désignation des guides, etc…)

2° pour le réapprovisionnement en vivres et munitions

3° pour l’organisation du service médical à Mormont

4° pour rétablir ou remplacer les liaisons téléphoniques qui à 8 h 30, n’existent plus entre Mormont et les éléments de l’avant (pose d’une nouvelle ligne entre Mormont et Anglemont)

Jusque 15 heures la ferme de Mormont a peu souffert du bombardement, mais des avions ont survolé la ferme et rectifié le tir ennemi qui, à partir de cette heure, augmente en précision et en intensité.

 

10 heures –

L’Adjt-chef  Fleurois (?), le Sergent Caudin (?) et trois mitrailleurs sont tués

Douze autres sont blessés dont le Sergent Veille.

 

16 heures 30 –

Une liaison optique a pu être établie entre Mormont et le 59e au bois des Caures d’où l’on signale un bombardement intense sur toute la ligne et pas de changement dans la situation. Cette liaison ne durera que quelques minutes et ne fonctionnera plus au cours des deux journées de combat des 21 et 22.

 

17 heures 45 –

Le Colonel Vaulet donne l’ordre d’envoyer une compagnie du 59e à Anglemont à la disposition du Ct du 165e commandant ce centre de résistance.

La 10e Cie, désignée, quitte Mormont à 18 h 15. Nous ne la reverrons plus et aucun renseignement sérieux ne nous permettra de reconstituer le rôle qu ‘elle a joué dans cette partie du secteur (R4, R5, ferme d’Anglemont)

 

18 heures 30 –

Ordre du Lieutenant-Colonel Driant nous parvient du bois des Caures par courrier à pied (Caporal Isbled)

«  Les Allemands ont attaqué vers 17 h, quelques éléments de tranchées de 1re ligne nous sont enlevés (tranchées 12, S’7, S7) ; ils ont réussi à pénétrer dans S9. Envoyez rapidement deux compagnies en renfort. »

Les 7e et 8e Compagnies désignées quittent Mormont à 19 heures et gagnent R2 par deux itinéraires différents.

 

18 heures 50 –

Nouvel ordre du Lieutenant-Colonel Driant. Le reste du Bataillon se portera immédiatement au bois des Caures.

 

19 heures 30 –

La 9e Compagnie et le peloton de mitrailleuses commencent leur mouvement.

 

21 heures –

Les 7e, 8e et 9e Cies sont rassemblées dans les abris du R2.

Le Commandant Renouard est désigné par le Lieutenant-Colonel Driant pour commander les éléments du 56e et du 59e.

Le Lieutenant-Colonel Driant se réserve la direction d’ensemble.

 

22 heures 45 –

Ordre est donné au Sous-Lieutenant Huntz (?), de la 8e Compagnie, de se porter avec son peloton à la GG n°2 pour se mettre à la disposition du Lt Robin, Ct la 3e Cie du 59e et contre-attaquer au petit jour l’ennemi qui occupe les tranchées S7 et S’7.

 

22 heures 55 –

Le Lieutenant Robin rend compte qu’il a repris à la grenade les tranchées S7 et S’7 et demande, vu ses pertes, à conserver le peloton Huntz.  Demande accordée.

 

23 heures –

1 section de la 8e Cie (Sergent Dix), ordre d’aller se mettre à la disposition du Capitaine Seguin, Ct la 1re Cie du 59e Btn, qui occupe la GG n° 3, pour reprendre au petit jour, concurremment avec la section de l’Adjudant-Chef Dandauw (?), du 59e, la tranchée S9 que celui-ci a perdue.

 

23 heures –

Une ½ section de la 8e Compagnie reçoit l’ordre d’occuper en R2 la tranchée à cheval sur la route de Flabas, déjà occupée par la section Dandauw qui s’y est repliée.

 

23 heures –

La 9e Compagnie, Sous-Lieutenant Loiseau, reçoit les ordres suivants

1° Avec un peloton, organiser une tranchée entre R2 et R3

2° Renforcer par une section, la ½ section du 59e en R3

3° Employer la 4e section qui reste disponible, aux corvées de ravitaillement en vivres et munitions

 

23 heures –

Ordre à la 7e Compagnie, Capitaine Berveiller, de gagner les abris de Joli-Cœur et de s’y reformer avec les éléments qui reste de la corvée Brouillard.

Le Sous-Lieutenant Gresset avec une section de mitrailleurs sans pièces, se portera également en réserve aux abris de Joli-Cœur.

 

 

 

Source : JMO du 56e B.C.P.  http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/img-viewer/26_N_830_001/viewer.html    

 

Extrait du JMO du 59e B.C.P.

 

22 février 1916

 

3 heures –

Les Compagnies du 56e Btn de chasseurs sont réparties ainsi qu’il suit :

½ section en renfort à R3

½ section occupe des éléments de tranchée à R2 et R3

½ Cie à la disposition du Cdt de la GG III

½ Cie à la GG III

1 section en renfort à R2

1 section aux abris à R3

Bombardement long et continu durant toute la nuit.

 

5 heures –

Une ½ section de la 7e Cie du 59e Btn, qui s’était repliée de S9, tente de contre-attaquer S9 à la grenade, par le boyau R2 (GG IV) ; mais sans résultat, le boyau étant pris d’enfilade par une mitrailleuse ennemie.

 

7 heures –

Le bombardement reprend avec plus d’intensité que la veille, écrasant boyaux et tranchées-abris.

 

12 heures –

Le bombardement cesse ; de grosses masses ennemies, très denses, se profilent sur la crête 330, se dirigeant vers le bois d’Haumont.

38 fusées rouges sont envoyées, en vain, pour déclencher le barrage ; aucune réponse n’est faite aux signaux d’optique envoyés du poste A, l’artillerie chargée de faire les barrages étant neutralisée.

L’ennemi ne se dirige pas franchement vers le bois des Caures ; mais il l’aborde à hauteur de R3, se glissant en lisière. Les hommes se rassemblent dans les entonnoirs formés par les trous d’obus et semblent former trois colonnes : l’une ayant pour objectif un intervalle entre R3 et R4 ; l’autre l’intervalle entre R2 et R3, et la 3e se dirigeant vers S’9, S9, le ravin de la Vaux-Hardelle, prenant ainsi les GG à revers.

Cette colonne semble s’être fondue avec une colonne ayant franchi nos lignes vers le poste 7, et s’est dirigée ensuite sur l’intervalle séparant R1 de R2, pour de là gagner la route de Ville. Les forces assaillantes croissent rapidement.

La colonne ayant pour objectif l’intervalle entre R3 et R4 se trouve prise sous un feu de mousqueterie et de mitrailleuses très intense mais ne peut progresser.

La colonne ayant pour objectif l’intervalle entre R2 et R3 prise également sous le feu des mitrailleuses de R3 d’un coté, et sous le feu d’une mitrailleuse, placée au cours de la nuit en R2, à la demande du commandant de la 8e Compagnie pour flanquer la tranchée, progresse difficilement en utilisant les trous d’obus ; elle subit des pertes très élevées du fait des tirs d’infanterie de la tranchée R2 et du feu des mitrailleuses. Arrivés au réseau les hommes de cette colonne se regroupent dans les trous d’obus ; certains d’entre eux munis de flammenwerfer dirigent le jet de leurs appareils sur le réseau qui fond et sur le barrage qui s’enflamme (La même manœuvre a été effectuée par la colonne qui a franchi la croupe R1, R2)

 

13 heures –

Quelques éléments ennemis franchissent le barrage de la ligne des R et bousculent la ½ section du 56e Btn de Chasseurs, placée dans le nouvel élément de tranchée ; cette fraction se replie sur la tranchée R2. Le Lieutenant Commandant la 8e Cie dispose immédiatement cette fraction dans les trous d’obus en arrière et à gauche, de façon à l’empêcher d’être pris à revers.

 

13 heures 30 –

L’ennemi ne rencontrant aucune résistance de front sur le point où il s’était porté, réussi à pousser malgré les feux de mitrailleuses de flanquement ; des fractions ennemies empêchent la liaison entre R2 et R3, et bientôt, prenant à revers l’élément gauche de R2 (tranchée du cimetière) rendent les positions intenables.

 

14 heures –

Le Lieutenant Commandant la 8e Cie se replie dans la tranchée voisine, garnissant le boyau de tireurs avec les 2 forces ; il rend compte de la situation au Commandant, lui demandant de faire une contre-attaque derrière lui, tandis que de son coté, il contre attaquerait la tranchée abandonnée.

 

14 heures 20 –

Une Cie du 165e R.I. (Cne Very) envoyée à cet effet progresse légèrement dans une direction parallèle à la tranchée, tandis que le Lieutenant Commandant la 8e Cie reprend à la grenade l’élément abandonné en faisant prisonniers 8 allemands terrés dans un trou d’obus (Prisonniers que par la suite, il n’a pu ramener)

A ce moment une violente attaque, ayant pour axe la route de Flabas, se déclenche vers R2. Les assaillants arrivent à flots pressés et, se faisant faucher par les feux de mousqueterie et de mitrailleuses parvenant de la tranchée R2 (abri bétonné et organisé) ne peuvent progresser. Quelques instants après, un chasseur envoyé en liaison vers R3 annonce qu’une forte colonne ennemie, ayant franchi la ligne des R, se dirige vers Joli-Cœur.

En même temps, une forte colonne allemande est signalée arrivant par la route de Ville, rendant la situation des tranchées de R2 excessivement difficiles. Rapidement, la mitrailleuse installée dans un abri, pour battre la route de Ville, fauche une partie de la colonne ennemie, qui d’abord s’arrête, prise également par les feux de l’Infie.

 

14 heures 40 –

Une section du 56e Btn (Lt Loiseau) se porte dans la tranchée établie perpendiculairement et au-dessus des intersections des routes de Ville et de Flabas (tranchée, qui éventuellement aurait dû être occupée par des gens de la garnison de Beaumont)

Une autre section du 59e Btn, formée d’agents de liaison, sapeurs, téléphonistes (garnison du poste de commandement), sous les ordres du S/lieutt Leroy, s’établit dans la tranchée parallèle à la route de Flabas, en soutien de la mitrailleuse battant la route de Ville.

 

15 heures –

L’ennemi renouvelle sa tentative, soutenu par une pièce d’artillerie installée sur la route de Ville, et qui au bout de quelques coups, démolit l’abri de mitrailleuse et rend la situation très critique.

Pendant ce temps, la section de mitrailleuse de R3, ayant épuisée ses cartouches, se replie en emmenant ses 2 pièces au prix des plus grandes difficultés.

La situation de R2 devient de plus en plus grave ; de grandes forces ennemies ayant franchi la ligne des R et se portant à la lisière du bois, menacent d’enserrer complètement les derniers défenseurs de la tranchée R2.

 

15 heures 15 –

A ce moment, le Lieutenant-Colonel Driant, jugeant la situation désespérée, réunit en conseil de guerre quelques officiers qui se trouvent près de lui. Il expose la situation, constate que chacun fait son devoir, estime qu’il ne peut plus arrêter l’ennemi et pose la question de savoir s’il vaut mieux périr glorieusement mais sans profit, avec la poignée d’homme qui lui reste, ou chercher à sauver quelques braves gens, qui, pour la suite, pourront être utiles à leur Pays, et reprendre leur place dans le rang. Les avis sont partagés ; à 15 heures 30, l’ordre de repli est donné, le Sous-Lieutenant Leroy prévient le Capitaine Very du 165e d’Infie de s’opposer à la marche des Allemands arrivant par le ravin de Joli-Cœur, pour permettre aux survivants du Bataillon de sortir du bois.

 

15 heures 40 –

Le Lieutenant-colonel prend la tête d’une petite colonne, les 2 commandants des deux Bataillons, chacun la tête d’une autre ; le Le Lieutenant Commandant la 8e Cie (Lt Simon) fait couvrir le repli par une ½ section, sous les ordres du S/Lieutt Spitz.

A la sortie du bois, les survivants qui tentent de se regrouper dans une tranchée située sur la croupe, entre le bois de Ville et le bois de Wavrille, sont pris d’enfilade par des feux de mitrailleuses venant de Joli-Cœur et subissent de lourdes pertes.

Le Lieutenant Commandant la 8e Cie donne l’ordre aux chasseurs de gagner individuellement le village de Beaumont où ils se rassembleront, en utilisant pour y arriver, les trous d’obus dont est semé le terrain.

 

15 heures 45 –

A ce moment, le Lieutenant-Colonel Driant et le Commandant Renouard, sont aperçus pour la dernière fois, se dirigeant sur Beaumont. Les chasseurs prétendent les avoir vu peu après dans des trous d’obus.

La croupe au Nord de Beaumont étant battue par les feux convergents de plusieurs mitrailleuses tirant du bois de Ville et de la lisière du bois des Caures, 30 hommes à peine parviennent à Beaumont.

Le Lieutenant Simon, arrivé vers 19 heures à Beaumont, rassemble les éléments survivants du Bataillon, passe à Louvemont, au camp du ‘Clairon Rolland’ et au camp du ‘Capitaine Flamme’ où il passe la nuit.

 

 

Source : JMO du 59e B.C.P.  http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/img-viewer/26_N_832_002/viewer.html