En janvier 1915, le Général en chef Joffre ordonne la
préparation d’une opération de dégagement des Hauts de Meuse. Mais la
priorité accordée au front de Champagne n’avait conduit qu’à quelques gains
de terrain, notamment sur la crête des Eparges.
Le 18 mars, le Général Dubail,
préoccupé par le « saillant »de Saint-Mihiel, souhaite « la
libération d’une bande de territoire national… et la capture d’une partie
des forces allemandes des Hauts de Meuse. »
Après l’échec de l’offensive de
Champagne, la France ne peut perdre aucun autre pouce de terrain. Priorité
est donnée à l’effet de surprise : tandis que le 3 avril, la 1ère
Armée attire sur elle la riposte allemande en attaquant le flanc droit du
« saillant », sur le flanc gauche, le détachement d’armée du
Général Gérard s’enfoncera dans le dispositif ennemi au sud d’Etain.
Le 5 avril, par un temps exécrable,
la 12ème DI du Général Paulinier, sans
relève envisagée, poursuit la mission de reprise des Eparges, entamée
depuis le 5 janvier. La 24ème brigade du Colonel Gramat se lance
à l’assaut de la crête. Le 106ème RI doit s’emparer du mamelon C
à droite, et le 132ème RI du point X à gauche. Trois bataillons
ont été placés en réserve sur Rupt en Woëvre et
la Tranchée de Calonne.
Malgré la boue, les Français
s’emparent du point C mais n’empêchent pas les renforts ennemis d’arriver
au point X. En soirée, les Français tiennent la crête, mais le 6 avril au
matin, les Allemands les submergent et reprennent le point C. Avec l’aide
de l’artillerie, les Français sont de retour sur le point C en fin de
journée avec d’importantes pertes de part et d’autre.
Le mauvais temps ayant empêché les
réglages d’artillerie, la plaine de la Woëvre transformée en marécage,
force est de constater qu’au soir du 6 avril, « la manœuvre en
tenaille » a échoué. Les Eparges restent donc le seul point d’ancrage
de l’effort destiné à briser le front ennemi.
Le 7 avril, on fait appel à la
réserve des chasseurs du 25ème
BCP, mais ils piétinent dans les boyaux boueux tandis que les
Allemands s’emparent de nouveau du point
C. Les Français ne renoncent pas et reprennent de nouveau la crête
le 8 au matin, sous une pluie d’engins explosifs allemands.
Dans la nuit du 8 au 9, le 8ème RI est chargé d’attaquer
le piton de Combres face aux Eparges.
L’insuccès français sur le
« saillant » de Saint-Mihiel, pousse les Allemands à essayer de
reprendre les Eparges que les Français conservent de haute lutte.
La guerre des mines commencée en
février va donc se poursuivre aux Eparges où des hommes vont continuer à se
battre et mourir.
Le « saillant » de
Saint-Mihiel ne retrouvera un intérêt stratégique qu’à l’automne 1918,
quand les Américains entreront en action.
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