Version 5.0
Le 5e BCA au
Linge
A cette date, il
se porte au camp de Nislismatt situé au pied du
col de la Schlucht, sur la grand'route de Gérardmer
à Munster. Des opérations importantes sont en cours depuis quelques jours dans la région du Linge, menées par la
129e division, sous le commandement du général Nollet. Le 5e,
détaché momentanément de la 66e division,
est adjoint à la 129e. Le
25 juillet, il est mis à la disposition de la 3e brigade de chasseurs que commande le colonel Brissaud-Desmaillet. Cette brigade a, dans la journée du 25, par une action énergique, enlevé les pentes ouest du Linge; elle
est assez éprouvée. A la nuit, le
bataillon reçoit l'ordre de relever les éléments de première ligne des
15e et 30e bataillons. La relève s’effectue péniblement au milieu de l'orage et sous un
bombardement assez serré. A 4 heures du matin, les 1re
et 2e compagnies prennent
position au Linge, les 3e et 4e compagnies sont placées en arrière en soutien et sont chargées d'organiser
immédiatement la deuxième position ; les
5e et 6e compagnies
sont maintenues en réserve entre le camp de Weistein et le
Linge. L'attaque menée le 25juillet par les 14e et 30e
alpins, si elle a été brillante et bien menée, n'a pas permis cependant d'enlever sur la droite l'importante
position ennemie des carrières et du Schratzmannele
qui domine les nôtres, interdisant tout
mouvement de jour et gênant considérablement le ravitaillement des unités
en ligne. Aussi faut-il à tout prix s'emparer de cette position. Les 27 et 28 juillet, le commandant Barberot prépare son attaque ; le 29 juillet, les éléments du bataillon qui se trouvent en première ligne
au sommet du Litige sont relevés par des unités des 106e et 121e
chasseurs
et vont s'établir sur la droite, face h l'objectif du Schratzmannele. L'attaque doit être menée sur un front de
300 à 350 mètres par les 4e, 5e et 6e compagnies. La 6e est en liaison à droite avec le 15e
chasseurs qui
doit attaquer à la même heure les pentes du Barrenkopf. A 15
h. 30, l'attaque se déclenche, mais la préparation d'artillerie est incomplète. La position, que l'on croyait simplement défendue par des
blockhaus non reliés les uns aux
autres, est formée au contraire d'une ligne continue formidablement défendue par des mitrailleuses. Les 4e et
5e compagnies,
après un bond de 30 mètres, doivent se terrer et ne peuvent aller plus loin. La 6e
compagnie, plus heureuse, progresse de plus de 100 mètres, pénétrant dans la
position ennemie. La progression
incomplète du 15e chasseurs et des
compagnies de gauche met la 6e
compagnie en flèche ; elle
ne s'en organise pas moins sur le
terrain conquis, se préparant h résister à tout retour offensif de l'ennemi. Ce retour se produit dans la journée du 30 juillet sur le 121e
bataillon et sur les éléments de la 4e compagnie. Cette contre-attaque est immédiatement
clouée au sol. Le .31 juillet s'est passé sans incident. Le 1er août, il
s'agit pour le 5e de
compléter son attaque du 29 juillet en enlevant définitivement la position du
Schratzmannele. Une longue et sérieuse préparation d'artillerie précède l'action que doivent mener les 1re,
2e, et 3e compagnies.
A 19 h. 30, les chasseurs sortent de la tranchée et, bondissant en avant, occupent au prix de pertes légères les objectifs qui leur étaient assignés. Cependant, à droite, la 3e compagnie
est arrêtée devant un énorme blockhaus situé au sommet même de la position. Elle est obligée de se terrer devant le feu
violent qui l’accueille. La nuit met fin au combat et est employée à retourner les tranchées allemandes
et à amorcer des boyaux vers l'arrière. L’ennemi, qui, le 2 août ne réagit
que faiblement par son
artillerie, déclenche le 3 août, à 9 heures, un bombardement progressif sur toutes nos positions, plus violent
sur les positions du Linge et du Schratzmannele. Le commandant
Barberot, prévoyant que l'ennemi veut reprendre
le terrain perdu, renforce sa ligne. A midi, le bombardement augmente d'intensité, retournant les tranchées,
écrasant les abris et provoquant des pertes très sérieuses au 5e bataillon Le commandant Barberot, sortant de son P.C. pour se porter en première ligne, est frappé d'un éclat d'obus
à la tête et meurt immédiatement. Le
capitaine Marion prend le commandement.
Vers 16 heures, l'ennemi prononce une vigoureuse attaque sur les éléments du
121e bataillon qu'il refoule. Deux sections de la 6e et
une compagnie du 27e B.C.A., contre-attaquant du tac au tac, repoussent les Allemands à la
grenade et reprennent la tranchée en
faisant des prisonniers. Malgré la nuit, la lutte se prolonge à coups de bombes et de grenades et, le 5 au matin, les Allemands recommencent le
bombardement méthodique et serré de la veille. Jusqu'à 17 heures, une pluie
de projectiles de tous calibres s'abat sur nos tranchées, labourant
complètement la position. Les 1re et 2e compagnies subissent
de très grosses pertes. Il reste à peine une dizaine de gradés ou chasseurs
valides et une mitrailleuse en état sur le front de ces deux compagnies, A 16
heures, l'ennemi allonge fortement son tir et déclenche son attaque.
Quelques-uns de ses éléments avancés peuvent pénétrer dans les parties de tranchées
privées de leurs défenseurs, principalement sur le front de la 1re compagnie. Mais l'allongement
du tir ennemi a indiqué au capitaine commandant la 6e compagnie
qu'il était temps de contre-attaquer. Il passe donc immédiatement à l'exécution
et a le bonheur d'arriver à temps. C’est alors que
le sous-lieutenant Champeytinaud, chef de la 1re
section de la 6e compagnie,
se signale comme grenadier d’élite et réussit à reprendre pied
à pied, à coups de grenades qu'il lance lui-même, toute 1a tranchée de la 1re
compagnie, tandis que l'adjudant Claudon,
commandant la 3e section de la 6e compagnie, s'établit
rapidement dans la tranchée de la 2e compagnie, arrivant juste à
temps pour empêcher l'ennemi d'y prendre pied. Les Allemands, qui continuent
à se porter à l'assaut en formations serrées sous le feu de notre unique
mitrailleuse et des chasseurs qui
restent, subissent de grosses pertes et sont i obligés de refluer en
désordre. Leur attaque ayant échoué, ils recommencent alors le bombardement intensif. Une heure après, ils
attaquent de nouveau à la nuit tombante, mais cette attaque, moins violente que la précédente, semble menée sans
conviction ; elle est facilement
arrêtée. Et la nuit s'achève plus calme que la présidente. Le 6, l'ennemi, épuisé par son violent effort du 5, ne réagit que faiblement par son artillerie. Mais
le 7 au matin, il entreprend
un nouveau bombardement aussi intense que celui
du 5. Jusqu'à 16 heures, les obus de
77, de 105, de 150, de 210
s'abattent sur la position. Le
capitaine Marion, commandant le
bataillon, est blessé et passe le commandement
au capitaine Muller. Le bataillon, très diminué, subit de nouvelles pertes importantes, mais les chasseurs dont le moral est admirable tiennent
ferme sous cet ouragan de fer et, vers 16 h. 30, lorsque les Allemands se portent à l'attaque, croyant trouver la position évacuée par ses défenseurs, ils sont accueillis par une
vive fusillade et ne peuvent
avancer. Ils sont obligés de regagner leur tranchée sans avoir pu aborder les nôtres. Pendant onze
jours, le bataillon vient de se battre sans arrêt,
gagnant du terrain, repoussant cinq attaques violentes et ne perdant pas un pouce de la position
qui lui a été confiée.
Ses pertes sont énormes. Son commandant tué, ainsi que le lieutenant Gadat, les
sous-lieutenants Chaffangeon et Audemard. Les capitaines Danjean, Pérotel, Saillard, Marion, Cardot blessés ainsi que les lieutenants Clair et Rousset, les sous-lieutenants Faure, Gérard, Hennequin, Bernin, Maurice, Melciolle. 468 chasseurs sont blessés; 200 environ sont tués. Le bataillon est réduit à environ 22 fusils et 4 officiers. Aussi, dans la
nuit du 7 au 8 est-il relevé par un bataillon du 297e R. I. et est
embarqué, le 8 au matin, en camions pour
gagner Saint-Amarin. Si les combats
du Linge ont été durs, s'ils ont causé au 5e des pertes élevées, ils ont été cependant
glorieux et lui valent la citation
suivante à l'ordre de la 7e armée : « Le 5e bataillon de chasseurs, sous
le commandement successif du chef de bataillon Barberot et des capitaines Marion et Muller, a brillamment enlevé une position ennemie formidablement organisée. A réussi, malgré de lourds sacrifices occasionnés
par un bombardement d'une intensité exceptionnelle, à repousser
les nombreuses contre-attaques et
à maintenir intacts les gains des
jours précédents tout en infligeant à l'ennemi des pertes
considérables. » 1nstallé le 10 au cantonnement de Saint-Amarin, le 5e doit pour la quatrième fois être réorganisé. Le 11 août, le commandant Langlois, venu du 171e R. I., en prend le commandement. Des
renforts venus du dépôt et de prélèvements faits sur des corps voisins permettent la reconstitution des
unités. De nouveaux officiers sont promus. Le 30 août,
lorsqu'il faut reprendre la vie de secteur, les
cadres sont ainsi reconstitués : ÉTAT-MAJOR LANGLOIS, commandant, chef
de bataillon. BERTRAND, capitaine, capitaine
adjudant-major. DEMONT, lieutenant, lieutenant
adjoint. LAROCHE, lieutenant, officier de
détails. LENEUTRE, lieutenant, officier
d'approvisionnement. KELLER, lieutenant, officier
commandant le peloton de mitrailleuses. PARIS, lieutenant, officier de sect.
au peloton. LAMBERT, médecin major de 2e
classe. VOITURIER, médecin aide-major de 2e
classe.
Le 31 août, après une revue passée à Saint-Amarin par le général de Maud'huy,
le 5e se porte sur
Goldbach pour aller relever, dans la nuit,
les unités du 371e R.I.
qui sont cri ligne sur la position
du Kolschalg et du Sudel.
A trois mois de distance, le
bataillon se trouve dans un secteur
bien connu de lui. Le 4 septembre, ce secteur est étendu sur la gauche par l'occupation des pentes nord
du Ballon de Guebwiller et des
bois d e
Judenhutt. Le poste de commandement
s’installe à l’école d'Altenbach. |