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VESTIGES 1914 1918

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Le 5e BCA au Linge

 

 

A cette date, il se porte au camp de Nislismatt situé au pied du col de la Schlucht, sur la grand'route de Gérardmer à Munster.

Des opérations importantes sont en cours depuis quel­ques jours dans la région du Linge, menées par la 129e di­vision, sous le commandement du général Nollet.

Le 5e, détaché momentanément de la 66e division, est adjoint à la 129e. Le 25 juillet, il est mis à la disposition de la 3e brigade de chasseurs que commande le colonel Brissaud-Desmaillet.

Cette brigade a, dans la journée du 25, par une action énergique, enlevé les pentes ouest du Linge; elle est assez éprouvée. A la nuit, le bataillon reçoit l'ordre de relever les éléments de première ligne des 15e et 30e bataillons. La relève s’effectue péniblement au milieu de l'orage et sous un bombardement assez serré. A 4 heures du matin, les 1re et 2e compagnies prennent position au Linge, les 3e et 4e compagnies sont placées en arrière en soutien et sont chargées d'organiser immédiatement la deuxième position ; les 5e et 6e compagnies sont maintenues en réserve entre le camp de Weistein et le Linge.

L'attaque menée le 25juillet par les 14e et 30e alpins, si elle a été brillante et bien menée, n'a pas permis cepen­dant d'enlever sur la droite l'importante position ennemie des carrières et du Schratzmannele qui domine les nôtres, interdisant tout mouvement de jour et gênant considérablement le ravitaillement  des unités en ligne. Aussi faut-il à tout prix s'emparer de cette position.

Les 27 et 28  juillet, le commandant Barberot prépare son attaque ; le 29 juillet, les éléments du bataillon qui se trouvent en première ligne au sommet du Litige sont relevés par des unités des 106e et 121e chasseurs et vont s'établir sur la droite, face h l'objectif du Schratzmannele. L'attaque doit être menée sur un front de 300 à 350 mètres par les 4e, 5e et 6e compagnies. La 6e est  en liaison à droite avec le 15e chas­seurs qui doit attaquer à la même heure les pentes du Barrenkopf. A 15 h. 30, l'attaque se déclenche, mais la préparation d'artillerie est incomplète. La position, que l'on croyait simplement défendue par des blockhaus non reliés les uns aux autres, est formée au contraire d'une ligne continue formidablement défendue par des mitrail­leuses.

Les 4e et 5e compagnies, après un bond de 30 mètres, doivent se terrer et ne peuvent aller plus loin.

La 6e compagnie, plus heureuse, progresse de plus de 100 mètres, pénétrant dans la position ennemie. La pro­gression incomplète du 15e chasseurs et des compagnies de gauche met la 6e compagnie en flèche ; elle ne s'en organise pas moins sur le terrain conquis, se préparant h résister à tout retour offensif de l'ennemi. Ce retour se produit dans la journée du 30 juillet sur le 121e bataillon et sur les élé­ments de la 4e compagnie. Cette contre-attaque est immé­diatement clouée au sol. Le .31 juillet s'est passé sans incident.

Le 1er août, il s'agit pour le 5e  de compléter son attaque du 29 juillet en enlevant définitivement la position du Schratzmannele. Une longue et sérieuse préparation d'ar­tillerie précède l'action que doivent mener les 1re, 2e, et 3e compagnies. A 19 h. 30, les chasseurs sortent de la tranchée et, bondissant en avant, occupent au prix de pertes légères les objectifs qui leur étaient assignés. Cependant, à droite, la 3e compagnie est arrêtée devant un énorme blockhaus situé au sommet même de la position. Elle est obligée de se terrer devant le feu violent qui l’accueille. La nuit met fin au combat et est employée à retourner les tranchées allemandes et à amorcer des boyaux vers l'arrière. L’ennemi, qui, le 2 août ne réagit que faiblement par son artillerie, déclenche le 3 août, à 9 heures, un bombardement progressif sur toutes nos positions, plus violent sur les positions du Linge et du Schratzmannele. Le commandant Barberot, prévoyant que l'ennemi veut reprendre le terrain perdu, renforce sa ligne. A midi, le bombardement augmente d'intensité, retournant les tranchées, écrasant les abris et provoquant des pertes très sérieuses au 5e bataillon

Le commandant Barberot, sortant de son P.C. pour se porter en première ligne, est frappé d'un éclat d'obus à la tête et meurt immédiatement. Le capitaine Marion prend le commandement. Vers 16 heures, l'ennemi prononce une vigoureuse attaque sur les éléments du 121e bataillon qu'il refoule. Deux sections de la 6e et une compagnie du 27e B.C.A., contre-attaquant du tac au tac, repoussent les Allemands à la grenade et reprennent la tranchée en faisant des prisonniers. Malgré la nuit, la lutte se prolonge à coups de bombes et de grenades et, le 5 au matin, les Allemands recommencent le bombardement méthodique et serré de la veille. Jusqu'à 17 heures, une pluie de projectiles de tous calibres s'abat sur nos tranchées, labourant complètement la position. Les 1re et 2e compagnies subissent de très grosses pertes. Il reste à peine une dizaine de gradés ou chasseurs valides et une mitrailleuse en état sur le front de ces deux compagnies, A 16 heures, l'ennemi allonge for­tement son tir et déclenche son attaque. Quelques-uns de ses éléments avancés peuvent pénétrer dans les parties de tranchées privées de leurs défenseurs, principalement sur le front de la 1re compagnie. Mais l'allongement du tir ennemi a indiqué au capitaine commandant la 6e compa­gnie qu'il était temps de contre-attaquer. Il passe donc immédiatement à l'exécution et a le bonheur d'arriver à temps. C’est alors que le sous-lieutenant Champeytinaud, chef de la 1re section de la 6e compagnie,  se signale comme grenadier d’élite et réussit à reprendre pied à pied, à coups de grenades qu'il lance lui-même, toute 1a tranchée de la 1re compagnie, tandis que l'adjudant Claudon, commandant la 3e section de la 6e compagnie, s'établit rapidement dans la tranchée de la 2e compagnie, arrivant juste à temps pour empêcher l'ennemi d'y prendre pied. Les Allemands, qui continuent à se porter à l'assaut en forma­tions serrées sous le feu de notre unique mitrailleuse et  des chasseurs qui restent, subissent de grosses pertes et sont i obligés de refluer en désordre.

Leur attaque ayant échoué, ils recommencent alors le bombardement intensif. Une heure après, ils attaquent de nouveau à la nuit tombante, mais cette attaque, moins violente que la précédente, semble menée sans conviction ; elle est facilement arrêtée. Et la nuit s'achève plus calme que la présidente.

Le 6, l'ennemi, épuisé par son violent effort du 5, ne réagit que faiblement par son artillerie. Mais le 7 au matin, il entreprend un nouveau bombardement aussi intense que celui du 5. Jusqu'à 16 heures, les obus de 77, de 105, de 150, de 210 s'abattent sur la position. Le capitaine Marion, commandant le bataillon, est blessé et passe le commandement au capitaine Muller. Le bataillon, très diminué, subit de nouvelles pertes importantes, mais les chasseurs dont le moral est admirable tiennent ferme sous cet ouragan de fer et, vers 16 h. 30, lorsque les Allemands se portent à l'attaque, croyant trouver la position évacuée par ses défenseurs, ils sont accueillis par une vive fusillade et ne peuvent avancer. Ils sont obligés de regagner leur tranchée sans avoir pu aborder les nôtres.

Pendant onze jours, le bataillon vient de se battre sans arrêt, gagnant du terrain, repoussant cinq attaques vio­lentes et ne perdant pas un pouce de la position qui lui a été confiée. Ses pertes sont énormes. Son commandant tué, ainsi que le lieutenant Gadat, les sous-lieutenants Chaffangeon et Audemard.

Les capitaines Danjean, Pérotel, Saillard, Marion, Car­dot blessés ainsi que les lieutenants Clair et Rousset, les sous-lieutenants Faure, Gérard, Hennequin, Bernin, Mau­rice, Melciolle.

468 chasseurs sont blessés; 200 environ sont tués. Le bataillon est réduit à environ 22 fusils et 4 officiers.

Aussi, dans la nuit du 7 au 8 est-il relevé par un bataillon du 297e R. I. et est embarqué, le 8 au matin, en camions pour gagner Saint-Amarin.

Si les combats du Linge ont été durs, s'ils ont causé au 5e des pertes élevées, ils ont été cependant glorieux et lui valent la citation suivante à l'ordre de la 7e  armée :

 

« Le 5e  bataillon de chasseurs, sous le commandement successif du chef de bataillon Barberot et des capitaines Marion et Muller, a brillamment enlevé une position ennemie formidablement  organisée. A réussi, malgré de lourds sacrifices occasionnés par un bombardement d'une intensité exceptionnelle, à repousser les nombreuses contre-attaques et à maintenir intacts les gains des jours précédents tout en infligeant à l'ennemi des pertes considérables. »

 

1nstallé le 10 au cantonnement de Saint-Amarin, le 5e doit pour la quatrième fois être réorganisé.

Le 11 août, le commandant Langlois, venu du 171e R. I., en prend le commandement. Des renforts venus du dépôt et de prélèvements faits sur des corps voisins permettent la reconstitution des unités. De nouveaux officiers sont promus.

Le 30 août, lorsqu'il faut reprendre la vie de secteur, les cadres sont ainsi reconstitués :

 

ÉTAT-MAJOR

 

LANGLOIS, commandant, chef de bataillon.

BERTRAND, capitaine, capitaine adjudant-major.

DEMONT, lieutenant, lieutenant adjoint.

LAROCHE, lieutenant, officier de détails.

LENEUTRE, lieutenant, officier d'approvisionnement.

KELLER, lieutenant, officier commandant le peloton de mitrailleuses.

PARIS,  lieutenant, officier de sect. au peloton.

LAMBERT, médecin major de 2e classe.

VOITURIER, médecin aide-major de 2e classe.

 

1re compagnie

 

CAMUS, capitaine.

RIVIERE, sous-lieutenant.

COUPRIE, sous-lieutenant.

CHEVASSUS A L’ANTOINE, sous-lieutenant.

 

2e compagnie

 

MOLISSET, capitaine.

BERGIN, lieutenant.

NITARD, sous-lieutenant.

VUILLEMIN, sous-lieutenant.

3e compagnie

 

DANJEAN, capitaine.

PETITFILS, lieutenant.

KRANTZ, lieutenant.

CHAROLET, sous-lieutenant.

 

4e compagnie

 

ROCHUT, capitaine.

LEGATHE, sous-lieutenant.

MONTILLOT, sous-lieutenant.

BEGEL, sous-lieutenant.

5e  compagnie

 

DELAHAYE, capitaine.

BOUILLOT, lieutenant.

DORMOY, sous-lieutenant

BALLAND, sous-lieutenant

6e compagnie

 

MULLER, capitaine.

CHAINE, lieutenant.

CHAMPEYTINAUD, sous-lieutenant.

ROUSSET,  sous-lieutenant.

 

Le 31 août, après une revue passée à Saint-Amarin par le général de Maud'huy, le 5e se porte sur Goldbach pour aller relever, dans la nuit, les unités du 371e R.I. qui sont cri ligne sur la position du Kolschalg et du Sudel. A trois mois de distance, le bataillon se trouve dans un secteur bien connu de lui. Le 4 septembre, ce secteur est étendu sur la gauche par l'occupation des pentes nord du Ballon de Guebwiller et des bois d e Judenhutt. Le poste de commandement s’installe à l’école d'Altenbach.