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VESTIGES 1914 1918

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Extrait de l’historique du 15 RI

 

 

BOIS SABOT

 

Une attaque opérée dans le courant du mois de décembre a fait dans cette région, reculer l'ennemi, et nous a rendus maîtres des villages de Perthes, du Mesnil, ainsi que de la ferme Beauséjour et là, en avant de notre nouvelle ligne, les divisions françaises en secteur ne cessent de harceler les Allemands. Mais ce n'est jusqu'au mois de mars que par des attaques toutes partielles, à objectif très restreint que se manifeste l'activité française. La physionomie de la guerre va se modifier dès les premiers jours du mois de mars 1915. Le commandement a prévu pour cette époque, une attaque de plus grande allure L'ordre de bataille du 15e R. I. à la date du 6 mars est le suivant :

 

ÉTAT-MAJOR.

 

Lieutenant-colonel RAUCH, chef de Corps

Capitaine adjoint, PLANTIN

Sous-lieutenant adjoint, DE MAILLÉ

Médecin-major, MALAVAL

Officier d'approvisionnement, BÉNECH, lieutenant

Officier des détails, VABRE, lieutenant

 

1er Bataillon.

 

Capitaine DESCHAMPS, commandant le bataillon.

 

1ère Compagnie..

Lieut. DUPONT, commandt

Sous-lieutenant MERLE

Sous-lieutenant DÉFONTAINES

 

2ème Compagnie

Capit. BOUISSET commandt

Sous-lieutenant VILAREM

Sous-lieutenant HEITZ

 

3ème Compagnie

Sous-lieutenant DOUAT, commandt

Sous-lieutenant VIAL

Sous-lieutenant FABRE

 

4ème Compagnie

Lieut. TOULZA, commandt

Sous-lieutenant FRANÇOIS

Sous-lieutenant DRÉVILLE

 

2ème Bataillon.

 

Chef de bataillon DE TORQUAT, commandt de bataillon.

 

5ème Compagnie

Sous-lieutenant GUIBERT, commandt

Sous-lieutenant GOJAN

Sous-lieutenant RUELLE

 

6ème Compagnie

Sous-lieutenant MAVIEL, commandt

Sous-lieutenant HENRY

Sous-lieutenant FABRE (André)

 

7ème Compagnie.

Sous-lieutenant MAGNIEN, commandt

Sous-lieutenant POUSSE

Sous-lieutenant TEYSSIER

 

8ème Compagnie

Capitaine REY, commandt

Sous-lieutenant LANTIANY

 

3ème Bataillon

 

Chef de bataillon JAZIENSKI, commandant

Médecin aide-major 2e classe, BORIES

 

9ème Compagnie

Capitaine MARAVAL, commandt

Sous-lieutenant CORMOT

 

10ème Compagnie

Capitaine JUBERT commandt

Sous-lieutenant COMTE

Sous-lieutenant SAVIN

 

11ème Compagnie

Sous-lieutenant ROSSINI commandt

Sous lieutenant GOEDGEBEUR

 

 

12ème Compagnie

Sous-lieut. FABRE commandt

Sous-lieutenant SAVIN

Sous-lieutenant PAMS

 

Le 6 mars, mis à la disposition de la 16oème D. I. de réserve, le 15e reçoit l'ordre pour le lendemain, d'enfoncer les premières lignes ennemies, de s'emparer du Bois Sabot au nord de la route de Souain à Perthes Il devra ensuite avec le 143e R. I., exploiter et élargir ses gains, et poursuivre son avance jusqu'au trou Bricot qui est désigné comme objectif ultérieur de l'attaque. Le 7 mars, après une préparation inaccoutumée en ces temps-là, le 15e donnait l'attaque au Bois Sabot, le 1er bataillon sur la face ouest, le 2e bataillon sur la face sud, le 3e bataillon en réserve à six cents mètres environ au sud. Les troupes étaient placées à cent cinquante mètres des lignes ennemies, dans une tranchée nouvelle creusée en hâte, les nuits précédentes. A 10 heures précises, sur le front des deux bataillons, les clairons que l'on n'a plus entendu depuis de nombreux mois de cette guerre sourde, sonnent la charge; d'un bond, les sections s'élancent d'un même mouvement, hors de la tranchée; les compagnies du 1er bataillon atteignent rapidement la corne ouest du Bois Sabot, et s'y maintiennent; celles du 2e bataillon franchissent lestement les réseaux de fil de fer, désorganisés par le bombardement; d'un bond, elles atteignent la première tranchée allemande. Les Allemands, culbutés nous laissent des prisonniers et s'enfuient poursuivis par les nôtres qui s'avancent vers la deuxième ligne allemande, s'en emparent et l'organisent.

 

L'ordre donné par le commandement venait d'être rapidement exécuté avec un brio de haute allure. Malgré des pertes nombreuses et cruelles en tués et en blessés, les compagnies d'attaque et les compagnies de renfort, privées de la plupart de leurs chefs, s'étaient offertes à la mort d'un élan magnifique.

 

Pendant toute la durée de l'attaque et de l'organisation des nouvelles positions, l'artillerie ennemie (lourde et de campagne) bombarde violemment nos nouvelles lignes; c'est au cours de ce bombardement que fut mortellement blessé le lieutenant-colonel RAUCH, commandant le 15e régiment d'infanterie.

 

Dans la nuit du 7 au 8 mars, les compagnies qui occupaient la partie ouest du bois Sabot eurent à résister à plusieurs petites attaques allemandes débouchant des boyaux de communication ennemis. Au lever du jour, une compagnie allemande attaque le front est du bois, pendant qu'une autre compagnie attaque le front nord-ouest, cherchant à tourner le bois Sabot par la corne ouest. Quelques hommes, manquant de munitions (ils avaient tiraillé toute la nuit), se replient entraînant le reflux de deux compagnies. Ce ne fut que pour un instant; le 3e bataillon est immédiatement porté en avant, et à sa droite, les deux compagnies qui avaient rétrogradé se dirigent vers la corne ouest du bois.

 

Le commandant JAZIENSKI, commandant provisoirement le régiment, toutes précautions prises, fait reprendre une offensive générale. Une attaque à la baïonnette, menée de façon brillante sur toute la ligne, non seulement arrête la contre-attaque allemande, mais la culbute hors de l'extrémité du bois Sabot. Poursuivant son action, par un mouvement de conversion vers la droite, le 15e régiment d'infanterie rejette dans le grand bois l'ennemi battu et désemparé, et enlève, après une énergique progression à la baïonnette, au cours de laquelle le capitaine DESCHAMPS est tué, une nouvelle tranchée ennemie située à la lisière nord du bois Sabot. Seule, l'extrême fatigue des hommes ne permet pas de songer à pousser plus avant. Les heures qui suivirent furent employées à organiser la position; le soir, au moment où le 15e était relevé par le 143e régiment d'infanterie, les positions conquises étaient partout maintenues.

 

Le 10 mars, le 15e régiment d'infanterie relève le 143e R. I.; ordre lui est donné, le 13 mars, d'attaquer la tranchée allemande entre l'angle rentrant du bois Sabot, à l'ouest de la clairière, située à l'est du même bois. Pour garder les bénéfices de la surprise, l'artillerie ne devait ouvrir son feu qu'à 5 h. 3o; quand l'attaque déboucha des tranchées allemandes, les moyens de résistance s'accentuaient de jour en jour, un feu terrible de mousqueterie et de mitrailleuses accueillit les sections de tête. Celles de gauche furent fauchées, celles du centre et de droite parvinrent à une vingtaine de mètres des tranchées allemandes, mais durent s'abriter dans les trous d'obus et les moindres aspérités du sol, et pour la nuit rentrer dans les lignes. Le courage des troupes fut admirable; sur deux cents hommes engagés ce jour-là, les pertes furent de quatre-vingt-quinze hommes et deux officiers.

 

Le 13 au soir, le régiment est relevé par le 143e régiment d'infanterie; le total des pertes éprouvées par le 15e régiment d'infanterie pour les journées du 7, du 8 et du 13 mars s'élève à dix officiers tués, neuf officiers blessés, deux officiers disparus, quatre cent quarante-cinq hommes tués ou disparus, six cent trente-trois blessés.

 

Le total douloureux de ces pertes est pour le 15e le plus éclatant témoignage d'honneur et d'abnégation héroïque. Les 6e et 12e compagnies se sont remarquées particulièrement et ont mérité la citation suivante :

A l'ordre du régiment n° 123 du 11 mars 1915.

Les 6e et 12e compagnies du 15e régiment d'infanterie « Sont citées à l'ordre du régiment pour la brillante façon dont elles ont attaqué et maintenu les positions conquises dans le bois Sabot, en même temps que pour l'ordre et la discipline qui ont facilité l'action des chefs et la réussite de l'opération. »

 

Le 13 mars, la 9e compagnie était également l'objet d'une citation très élogieuse à l'ordre du régiment.

Ordre du régiment n° 126 du 13 mars 1915.

Est citée à l'ordre du régiment :

« La 9e compagnie pour -la façon brillante dont elle s'est portée à l'attaque d'une tranchée ennemie sous un feu des plus violents qui lui a fait perdre deux-officiers et cinquante hommes. »

 

Dans son ordre général n° 57, le général GROSSETTI, commandant le 16e corps d'armée, tint à rendre hommage à la vaillance du 15e régiment d'infanterie, dans les termes suivants :

« Comme le 81e dans la journée du 5 mars, le 15e régiment d'infanterie a, le 7, brillamment enlevé à la baïonnette les tranchées ennemies et fait des prisonniers. Le général commandant le corps d'armée est heureux de porter cette bonne nouvelle à la connaissance des troupes placées sous son commandement et de féliciter ce régiment qui s'est si vaillamment comporté à cette occasion. »