IV – EN ARTOIS
(Première campagne : 5 octobre-1er
novembre)
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Dès le lendemain, et jusqu’au 13
octobre, le bataillon livre chaque jour de violents combats qui lui
permettent de s’infiltrer jusqu’au chemin Carency---Neuville-Saint-Vaast.
Du 13 au 22, à la suite d’admirables
attaques, il réussit à prendre pied dans les premières maisons
d’Ablain-Saint-Nazaire dont les Allemands avaient fait une véritable
forteresse. Il se maintient dans sa conquête jusqu’au 1er novembre.
A cette date, la division est
transportée en automobiles au secours de la Belgique.
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VI – EN ARTOIS
(Deuxième campagne : décembre 1914-janvier
1916)
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Ainsi recommence, pour le bataillon,
cette campagne en Artois, qui va se prolonger jusqu’au jour où le canon
d ’alarme de Verdun l’appellera sur les hauteurs de la Meuse.
Treize mois durant, le bataillon va
occuper les mêmes secteurs, mornes et désolés.
Il y subira les obscures misères de
deux hivers particulièrement rigoureux ; il y connaîtra l’angoisse et
la monotonie des relèves incertaines ; il y sera soumis presque sans
trêve à des bombardements de jour en jour plus furieux. Les obus, les
balles, les grenades, les luttes corps à corps, faucheront impitoyablement
ses rangs toujours renouvelés.
Mais ce que la science destructive
allemande ne saura réduire, c’est l’admirable entrain de ces survivants
d’un jour, leur enthousiasme, cette gaieté de la tranchée, patrimoine des
anciens de Crimée, et qui, cette fois encore, jaillit vibrante et sincère,
bien au delà de la petite scène de théâtre dressée en défi sous la
mitraille boche.
Et la gloire du bataillon grandit en
proportion des souffrances et deuils vaillamment supportés.
Du 13 au 15 janvier, il prend, perd
et reprend l’important système de tranchées du Grand Éperon.
Le19, il fonce sur l’adversaire et
ramène 117 prisonniers.
Du 3 au 7 mars, il participe à des
contre-attaques brillantes qui rétablissent la situation un moment
compromise par une très puissante offensive ennemie. Et le 21e
corps d’armée enregistre alors, à l’actif d’une des unités du 3e,
la citation suivante :
La 6e compagnie
(capitaine Crombez) : le 4 mars 1915 chargée de se porter en avant
pour assurer la liaison entre deux de nos attaques qui se produisaient sur
ses flancs, a sauté hardiment de sa tranchée en plein jour et en terrain
découvert sous le feu de l’infanterie et de l’artillerie ennemies ;
avec un remarquable élan, a progressé de 100 mètres, s’est cramponnée au
terrain et s’y est maintenue jusqu'à la reprise de l’offensive.
(Ordre général n° 44, du 21e
corps d’armée, du 13 avril 1915.)
Le 8 mai,
chasseurs du 3e bataillon et spahis à pied, groupés sous les
ordres du commandant Madelin, attaquent, avec une fougue reconnue dans les
rapports allemands, la position formidable des Ouvrages Blancs. Le
groupe des grenadiers mérite à son tour la citation suivante :
Le groupe de grenadiers du 3e
bataillon de chasseurs : A l’attaque d’un ouvrage allemand très
fortement organisé, se sont conduits d’une façon héroïque.
(Ordre général n° 7, de la Xe armée,
du 27 août 1915.)
Malheureusement, le chef admirable
qui a préparé cette attaque et qu’y n’a cessé d’encourager ses chasseurs
par sa magnifique attitude, le commandant Léon Madelin, a été frappé
mortellement d’une balle à la gorge, au moment où il faisait à la jumelle
la reconnaissance du terrain. Et ses dernières paroles furent qu’on
l’emmenât debout, pour ne pas apprendre aux chasseurs qu’il était atteint.
Le commandant Pineau le remplace, et
sous ses ordres la lutte se poursuit avec le même acharnement.
Le 13 mai, au cours d’un assaut
héroïque, le capitaine Constantin est tué en tête de la 5e
compagnie.
Le 25, après préparation
d’artillerie, ce sont trois autres compagnies qui, à la sonnerie du
Refrain, bondissent au delà des parapets et, la baïonnette haute,
s’emparent de toute la position ennemie du fond de Buval.
Chaque semaine va désormais marquer
une nouvelle attaque et une nouvelle morsure dans la ligne allemande :
du 6 au 12 juin, au bois Carré ; du 16 au 20, à la Tranchée des
Saules ; du 26 au 30, au Chemin Creux. Là, une section de la 2e
compagnie, sous la conduite du sous-lieutenant Dulys, mérite la citation
suivante :
La 1er section de la 2e
compagnie : le 29 juin, sous un feu violent d’artillerie et de
mitrailleuses, sans pouvoir se creuser d’abris, a fait preuve d’une
admirable ténacité en tenant toute la journée un point important qui avait
été confié à sa garde. N’a pu être renforcée par une autre section de la
compagnie qu’à la nuit tombante, alors qu’elle était réduite de 31 à 3
chasseurs.
(Ordre n° 100, de la Xe armée, du 26
août 1915.)
Ces trois braves : les chasseurs
Nigron, Flamand et Martin, reçurent la médaille militaire. Les deux
derniers, ainsi que le sous-lieutenant Dulys, tomberont au champ d’honneur
dans la suite de la campagne.
Pendant trois mois, l’intensité de
combat se ralentit dans le secteur. Toutefois, le bombardement intermittent
n’est pas sans nous causer des pertes sensibles : du 5 juillet au 23
septembre, le bataillon sera trente-cinq jours en première ligne et aura32
tués, 211 blessés.
Et soudain, le 25 septembre, après
une préparation d’artillerie de soixante-douze heures, très efficace, mais
qui a l’inconvénient de donner l’éveil aux renforts ennemis, une offensive
française et anglaise est lancée simultanément en Champagne et en Artois.
Cette offensive fut enrayée. Mais elle coûtait à l’ennemi près de 100.000
hommes, un important matériel, des pertes capitales : Tahure, Beauséjour,
la Main de Massiges, en Champagne ; Loos et Souchez, en Artois.
La 43e division coopéra à
cette dernière opération par une forte attaque sur le Bois en Hache, au
nord de Souchez.
Trois assauts, exécutés en dépit d’un
violent feu de mitrailleuses, permettent au 3e bataillon
d’établir un saillant à la corne sud-est du bois ; le chef de
l’attaque (capitaine Jeannerod), 5 autres officiers, 73 chasseurs, sont
frappés à mort.
L’hiver est revenu, rigoureux et
triste, sans rien abattre des énergies. Depuis plus d’un an, le même
bataillon tient le même secteur, lugubre entre tous. La rafale de mort y a
tout fauché : rien n’y est plus que boue, boue odieuse sans cesse
refaite par les sapes, par les mines, par les obus, par les pluies tombant
à torrents. Mais cette boue a désormais des noms, les noms de nos grands
morts : le boyau Madelin, les tranchées Jeannerod, Dulys… Elle a ses
centaines de tertres qui sont les tombes de nos officiers et chasseurs. Et
sait-on de combien d’autres des nôtres elle est pétrie, tant est grand le
nombre de ceux dont un jour on a plus su que dire, sinon qu’ils resteront
les disparus de Lorette !
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