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VESTIGES 1914 1918

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Extrait de l’historique du 76 R.I.

 

1916

 

 

Carte_028

 

 

Nous restons dans la foret d’Argonne, entre le Four de Paris, et La Chalade, légèrement au nord de ces deux villages.

 

En raison du terrain très accidenté et qui permet des retranchements redoutables des deux cotés des lignes, on n’essaie pas, de part et d’autre, des actions offensives de grande envergure. C’est par contre l’écrasement du terrain sous des déluges d’obus de tranchée de très gros calibres. On y reçoit couramment des « minen » de 1m.10 de hauteur. Nous rendons coup pour coup. Les lignes sont très rapprochées, et certains petits postes sont creusés en sape à 7 ou 8 mètres de ceux des Allemands. La lutte de grenades, pétards, y est très vive. Des mines sautent presque chaque matin, dès le petit jour, créant des entonnoirs que Français et Allemands se disputent avec acharnement.

 

Le secteur occupé se nomme le « Fer-à-Cheval » et comprend lui-même les dénominations de l’ »Arbre »n du « Cap »n du « Golfe », noms que n’oublieront pas ceux qui ont vécu dans les sapes remplies d’eau en ces endroits désolés.

 

On travaille ferme en ligne chaque nuit. A la suite des séances journalières des torpilles, la terre, désagrégée, n’est plus qu’une poussière., et chaque explosion fait ébouler les parois entières de tranchée. Il faut les relever et consolider le travail avec des fascines et du grillage. Par les deux grands boyaux des « Coloniaux et des « Ecuyers », qui vont jusqu’au « Confluent », ainsi que par certaines pistes sous bois, inconnues des Allemands, les voiturettes de mitrailleuses apporte tout le matériel de réfection jusqu’à la route « Marchand » et au « Ravin-sec », en passant par le « Tunnel ».

 

Les compagnies font six jours de première ligne, six jour de réserve à l’ouvrage 15 ou au Confluent, six jours de repos à La Chevrerie ou au Claon, puis une nouvelle période de six jour de première ligne, six jours de réserve et enfin six jours de repos aux Islettes ou à Futeau, soit, très souvent, trente jours sans apercevoir une maison ni un habitant civil.

 

Le 13 janvier, se produit une affaire de petits postes dans le secteur du « Cap », affaire assez sérieuse. Profitant d’une relève, les Allemands attaquent brusquement le poste et s’en emparent. La 10ème compagnie réussit à le reprendre ; cette affaire nous coûte 65 blessés et 4 tués.

Le 14 avril, sans raison apparente, l’ennemi nous envoie une pluie de « minen » qui dure quatorze heures. Toutes les tranchées sont bouleversées, le ravin des Courte-Chausses est empli de fumée pendant deux jours.

 

Entre temps, en février, s’était déclenchée la fameuse offensive boche sur Verdun. Nuit et jour, pendant des semaines, nous entendons le grondement des canons de la bataille gigantesque ; elle ne s’étend pas jusqu’au secteur du régiment, mais son extrême limite ouest (Avocourt) n’est qu’à une dizaine de kilomètre de nous. L’ennemi, devant nos lignes, devient plus nerveux ; les bombardements s’en ressentent.

 

Le 8 mai doit être effectué un redressement de ligne. Cette opération comporte l’éclatement de deux mines, le nettoyage des abris et des tranchées par liquides enflammés.

 

Les pionniers du régiment, les sapeurs du génie, la 10eme compagnie, renforcée d’un peloton de la 8ème compagnie, doivent procéder à l’opération. Elle est commandée par le sous-lieutenant DESSERIN qui s’est offert volontairement.

 

A 18 heures les mines sautent, l’artillerie bombarde pendant trois minutes, les lance-flammes se mettent en action, la troupe s ‘élance, la position est prise.

 

Immédiatement, des travailleurs du génie et les pionniers travaillent à réfectionner les tranchées ennemies écroulées.

 

A 2 heures du matin, l’ennemi contre-attaque violemment et reprend une partie du terrain qu’il avait perdu.

 

A 4 heures, l’ennemi contre-attaque à nouveau et nous bouscule.

 

L’affaire est manquée malgré des pertes assez élevées. 

 

Le 20 mai le lieutenant-colonel VIALA est évacué malade et est remplacé quelques jours plus tard par le lieutenant-colonel SUBSOL.

 

Les derniers jours de juillet sont marqués par un évènement important : on parle de quitter l’Argonne. Nous serions relevés pour aller attaquer on ne sait où encore : à Verdun…, dans la Somme ..., en Belgique…, dit-on aussi.

 

Pourtant, au matin du 30 juillet, des officiers du 407ème R.I. arrivent en reconnaissance et, dans la nuit du 31 juillet au 1er août, les derniers éléments du régiment quittent ce secteur dont nous connaissons si bien les bons et les mauvais coins.